La Mandragore
La Mandragore (famille des solanacées) croît en Afrique du Nord, Europe du Sud ainsi qu'en Asie occidentale jusqu'à l'Himalaya. On en dénombre six espèces. La plus connue est Mandragora officinarum (M. vernalis). Elle pousse dans l'ouest de la Yougoslavie et dans le Nord-est de l'Italie et en Sicile. La plante est vivace, sans tige, haute d'une trentaine de cm. La racine, qui est la cause de beaucoup de légendes, peut avoir la forme d'une grande carotte ou être anthropomorphe (racine divisée ayant une ressemblance avec un corps humain). Souvent, on parle de racine "mâle" et de racine "femelle", ceci ne correspond à rien car les fleurs sont bisexuées et qu'un seul pied de Mandragore donne des fruits ! Les vieux sujets s'enfoncent profondément dans la terre (plus d'un mètre) d'où la difficulté de les arracher. Les feuilles grandes et ovales dégagent une odeur forte, qui me rapelle un peu le Datura. Les fleurs en grappe sont d'un blanc verdâtre, bleutées ou pourpres suivant les espèces. Des baies jaunes ou rouges de 3 à 4 cm de diamètre succèdent aux fleurs.
Au Maroc pousse la variété M. autumnalis. Ses veuilles sont velues, ondulées. M. officinarum contient des alcaloïdes et autres composants nocifs. Son absorption provoque une narcose suivie d'hallucinations. On comprend pourquoi les sorcières pensaient s'envoler sur leur balai et voir des créatures diaboliques le jour du Sabbat ! Mais ses vertus soporifiques, analgésiques et sédatives sont reconnues.
De nos jours, cette plante est peu courante, un mythe pour beaucoup. Mais de l'antiquité à la renaissance, la Mandragore était crainte et respectée. Les Grecs la nommèrent "plante de Circée la magicienne". Symbole de fécondité, elle pouvait aussi révéler l'avenir ou rendre riche son propriétaire et lui porter chance. Dans la traduction du Bestiaire d'Oxford (manuscrit du Moyen-Age) aux Editions Philippe Lebaud, la Mandragore serait "l'arbre de la connaissance" dont Adam et Eve mangèrent le fruit...